Mercure (6/10)

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Aphéa s’agitait nerveusement dans son siège. Les derniers mots qu’elle avait échangés avec Salonne étaient encore affichés sur son écran :

Salonne : Tu devrais lui dire.

Aphéa : Mais Hoarau saura que nous lui avons menti. Elle nous exclura de l’équipe.

Salonne : Peut-être que oui et peut-être que non. De toute façon, il n’y a pas d’autres choix.

Aphéa savait qu’il avait raison. Elle se leva et s’adressa à la capitaine.

– Je peux détacher l’amarre en 3 heures et disons 10-15 minutes.

L’incrédulité saisit Hoarau, mais un souffle en elle raviva les braises de l’espoir. Elle dit :

– Cela nous permettrait de partir au moins un quart d’heure avant l’arrivée du soleil. Mais comment ?

– Je… J’ai caché mes vraies performances… Je peux effectuer toutes les opérations plus rapidement que ce que j’ai officiellement montré jusqu’à présent.

– Pourquoi avoir menti ?

La stupéfaction mêlée de contrariété pointait dans la voix d’Hoarau. Aphéa hésita quelques secondes. La voix de Salonne transmise depuis la salle d’urgence se fit entendre :

– Eh ! Nous autres ingénieurs, nous ayons quelques cordes à notre arc. Faut bien entretenir la légende des mécaniciens super forts qui font tout deux fois plus vite quand il s’agit de sauver son équipage.

La plaisanterie tomba à plat. Aphéa avait l’impression que le regard de la capitaine la transperçait de part en part. La jeune femme balbutia :

– Pour… regarder.

Le sourcil de la capitaine se levant, Aphéa ajouta :

– En sortie, je finis rapidement les opérations, puis il me reste du temps pour regarder Mercure. Quand j’ai candidaté pour entrer au service d’une Butineuse, j’ai juste montré les capacités qu’il fallait pour être engagée dans l’équipe Alpha du meilleur équipage… de votre équipage.

La stupeur d’Hoarau frisa la sidération. Si cette jeune femme disait vrai, cela faisait d’elle la meilleure mécanicienne de Mercure et peut-être même du système solaire.

– Salonne, vous confirmez ?

– Oui, mon capitaine !

Un trop plein d’enthousiasme avait déformé la voix de l’ingénieur. La capitaine contempla Aphéa de longues secondes. Sous le feu de son regard, la jeune femme se rassit, très mal à l’aise. La capitaine n’arrivait pas à se rappeler la dernière fois que quelqu’un avait réussi à la surprendre autant. Elle ne savait pas si elle devait féliciter la jeune femme d’avoir les moyens de sauver l’équipage ou bien réprimander ses ingénieurs et experts en AEV pour lui avoir caché une telle chose. Hoarau finit par tonner :

– Ne perdons pas plus de temps. Aphéa, sortez immédiatement détacher l’amarre. Salonne, vous l’accompagnez et coordonnez les deux équipes AEV pour déblayer les débris rocheux. Mineurs, remplacez Aphéa et finissez la recherche de pannes dans la Butineuse.

Aphéa s’arracha de son siège et se jeta vers la sortie, mais s’arrêta avant de passer la porte. Elle se tourna vers la capitaine :

– Je demande à faire une entorse à une des règles de sécurité.

La capitaine fixait intensément Aphéa. La jeune femme avait l’impression de se perdre dans ce regard noir, sévère. Le blanc de ses yeux semblait flamber dans ce visage ébène.

– J’aimerais écouter de la musique pendant l’opération. Ça… ça m’aide à me concentrer.

Était-ce de l’amusement qu’Aphéa vit briller dans le regard de la capitaine ?

– Accordé.

Aussitôt, la jeune femme s’éclipsa et rejoignit l’antichambre des sorties.


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